Une Classification des Calculs Urinaires est-elle encore utile ?
Bertrand DORE Les membres de la Lithiase de l’Association Française d’Urologie (C.L.A.F.U.)
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CHU de Poitiers
Service d’Urologie Pavillon Camille Guérin ” La Milétrie “
86021 – Poitiers
E-mail : b.dore@chu-poitiers.fr

Les nouvelles techniques de traitement des calculs urinaires rendent indispensable la prise en compte de façon homogène et simple de données mesurables permettant ensuite la comparaison fiable des résultats des différentes séries.

 Une classification utilisable par tous est actuellement manquante. Sa conception était la première recommandation de recherche à entreprendre en terme de lithiase qui ait été donnée par le comité d’étude des calculs coralliformes de l’American Urological Association.

 Le comité lithiase de l’AFU ( C.L.A.F.U.) a proposé une fiche d’analyse la plus simple et la plus descriptive possible pour tenter de définir tous les types de calculs du haut appareil urinaire (figure 1).

 Le premier avantage escompté de cette classification est d’utiliser la simple radiographie de l’abdomen sans préparation qui reste encore actuellement, avec l’échographie réno-urétéro- vésicale, l’examen de référence le moins coûteux recommandé de première intention dans l’évaluation d’un calcul urinaire par la récente conférence de consensus sur la prise en charge de la colique néphrétique.

Cependant, cette classification présente encore des difficultés d’exploitation :

    • Elle implique la réalisation d’une urographie intraveineuse que beaucoup contestent à cause de ses risques

    • Surtout, cette classification est de fiabilité aléatoire en cas de calculs complexes ou coralliformes (figure 2) : des tests d’utilisation en temps réel au sein de la communauté urologique n’ont pas permis d’obtenir plus de 50% de concordance. Des difficultés de lecture des radiographies projetées peuvent en partie expliquer cette insuffisance. Cela justifie une étude multicentrique d’utilisation faite individuellement par chaque urologue dans ses conditions de pratique quotidienne Cette étude est en cours d’évaluation.

La diffusion des techniques modernes d’imagerie, notamment la tomodensitométrie hélicoïdale 3D sans et avec injection, permettra d’apporter un outil de mesure simple, rapide, fiable et reproductible d’un centre à l’autre pour tous les calculs urinaires mêmes complexes. Ainsi, la mesure du volume des calculs devrait être une donnée intégrante indispensable dans un compte rendu radiologique tomodensitométrique en association à la mesure de la densité Hounsfield (UH) de chaque calcul.

Une corrélation entre les résultats spectro photométriques infra rouge de la composition des calculs extraits ou éliminés spontanément et les données tomodenditométriques mesurées, pourrait aboutir à prévoir les variations de fragmentation par lithotritie extra corporelle. Cela faciliterait la sélection des calculs pour en proposer la meilleure technique de traitement (LEC ou per cutanée) en fonction de leur topographie intra-cavitaire, de leur nature chimique et de leurs différentes mesures.

En conclusion : Actuellement la nécessité d’une classification des calculs urinaires reste indispensable pour un évaluation homogène des résultats. Elle doit rester simple et accessible à chaque praticien, c’est à dire pragmatique. L’apport des techniques modernes d’imagerie et en particulier la tomodensitométrie hélicoïdale en 3D, est sûrement l’avenir.