Mesure du volume des métastases hépatiques à partir de données IRM

Angel OSORIO
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LIMSI – CNRS
BP 133
91403 ORSAY Cédex
E-mail :osorio.@limsi.fr

Vincent SERVOIS
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Institut CURIE
Département d’Imagerie Médicale
26 rue d’Ulm – 75231 PARIS Cédex 05
E-mail :
 vincent.servois@curie.fr

Les métastases hépatiques (MH) représentent la tumeur maligne du foie la plus fréquente.

Pour la plupart des patients, l’utilisation de nouvelles drogues de chimiothérapie a permis d’augmenter la médiane de survie dans des conditions de vie satisfaisantes malgré une maladie métastatique avancée.

Le suivi de ces patients traités par chimiothérapie se fait essentiellement par l’imagerie. Pour des raisons de reproductibilité, la tomodensitométrie constitue la méthode d’imagerie de référence dans l’évaluation sous traitement des MH. Cette évaluation repose sur les critères OMS qui vont permettre de classer la réponse thérapeutique en fonction du pourcentage de variation des mesures des lésions tumorales. Les mesures bi-dimensionnelles réalisées au niveau de 2 à 3 lésions prises comme cibles correspondent à la multiplication des deux plus grands diamètres perpendiculaires et ne correspondent en rien à la mesure exacte du volume tumoral. Ces mesures sont entachées d’un certain nombre d’approximations dans le recueil des dimensions élémentaires (variabilité intra et inter-observateur), dans la prise en compte de la forme variable des lésions (lésions infiltrantes…) et dans le choix arbitraire et peu exhaustif que constitue la détermination de lésions cibles (nécrose, réponse dissociée…). L’automatisation de la mesure du volume des lésions paraît souhaitable et ce d’autant qu’elle est techniquement possible et que les protocoles thérapeutiques supportés par les laboratoires pharmaceutiques demandent des niveaux de précision sur les variations de volume des lésions qui s’éloignent de plus en plus des critères OMS, qui sont d’ailleurs en voie de révision.

 Dans l’absolu, le radiologue devrait donc disposer d’une méthode automatique, rapide et fiable de la mesure du volume des lésions tumorales. La tomodensitométrie, jusque là méthode de référence, est-elle dans ce contexte la meilleure méthode d’imagerie ?

 En matière de MH, la TDM souffre d’un certain nombre de limites. Les métastases sont des lésions d’un extrême polymorphisme en fonction du type de la tumeur primitive et de leur mode de vascularisation. La vascularisation de certaines métastases, essentiellement périphérique, fait qu’il existe parfois une sous estimation de la taille réelle des lésions après injection de produit de contraste iodé (PDC) comme l’a bien montré une récente étude sur les métastases de cancer du colon. A contrario, la détection de certaines lésions, notamment de petite taille, est parfois difficile sur des coupes réalisées sans injection de PDC. Les traitements de chimiothérapie induisent fréquemment une stéatose hépatique (surcharge lipidique des hépatocytes) qui rendent parfois difficile la distinction entre les lésions métastatiques et des îlots de parenchyme hépatique épargnés par la stéatose qui peuvent avoir la même densité. L’IRM, technique d’imagerie non irradiante, apparaît comme une méthode alternative intéressante car c’est celle qui offre le contraste spontané (sans injection de PDC) le plus important entre les lésions et le foie sain, qu’elle est peu sensible à la stéatose et qu’elle apparaît plus spécifique que la TDM dans le diagnostic différentiel entre les lésions bénignes (kyste et angiome) et les lésions malignes, notamment de petite taille. Les progrès techniques réalisés ces dernières années permettent maintenant d’obtenir des coupes en apnée couvrant l’ensemble du parenchyme hépatique en séquence pondérée en T1 et également en T2, pondération qui offre le contraste le plus important entre le foie et les lésions. L’épaisseur des coupes en IRM reste encore importante et des séquences d’acquisition tri-dimensionnelle du foie en IRM sont encore à établir. Néanmoins, nous avons entrepris une étude de faisabilité de la mesure du volume des MH en IRM sur les séquences conventionnelles actuellement disponibles.