IRM & Cartilage, Aspects Actuels
 Damien LOEUILLE
_______
Laboratoire de Pharmacologie Articulaire
 Faculté de Médecine
BP 184
54505 – Vandoeuvre Cédex
E-mail : loeuille@pharmaco-med.u-nancy.fr

Le diagnostic d’arthrose, bien que clinique, repose essentiellement sur la radiographie conventionnelle. Cependant, cette dernière ne permet d’affirmer une altération de l’interligne articulaire qu’à un stade relativement avancé de la maladie, et n’explore pas directement les surfaces du cartilage ou sa structure interne. De plus sa reproductivité dépend largement d’une standardisation stricte de la technique. L’IRM, non invasive, permet, quant à elle, une visualisation directe du cartilage grâce à une excellente résolution spatiale et un bon contraste tissulaire. Peu d’études ont permis à ce jour de définir les conditions optimales (séquences, antennes, utilisation de produit de contraste) pour l’exploration du cartilage arthrosique.

Un consensus semble cependant se dégager en faveur de l’exploration en séquence 3D en écho de gradient (3DSPGR) et en séquence de spin écho rapide (FSET2). Dans ces conditions, grâce à la finesse des coupes, il est possible d’individualiser le cartilage hyalin des structures adjacentes. Son apparence est cependant largement tributaire des séquences utilisées. Les travaux les plus récents, sur pièces anatomiques, confirment qu’en FSE T2, le cartilage adopte un aspect plurilaminaire, avec superposition de plusieurs bandes de signal différent. Les confrontations histologiques et biochimiques montrent que les strates en hyposignal sont riches en collagène et pauvres en protéoglycanes, alors que celles en hypersignal ont un ratio inverse. De plus, en clinique, les confrontations arthroscopiques confirment le bien fondé de ce type d’acquisition, tant pour l’évaluation des ulcérations chondrales que des altérations structurales du cartilage.

La cartographie T2, réalisée en collaboration avec l’URA CNRS 2212, U2R2M (P. GONORD, J. BITTOUN) se révèle également un outil de mesure quantitative extrêmement performant. Ainsi, sur un micro-imageur à 8,5 Tesla, on peut mettre en évidence, chez le rat, des variations du T2 du cartilage au cours de sa maturation, puis de son vieillissement. Les confrontations histologiques et biochimiques confirment alors que la diminution progressive du T2 est liée à une baisse du contenu en protéoglycane, alors que celui en collagène augmente. Il est de plus possible d’explorer ces variations sur les différentes couches du cartilage et dépister ainsi une atteinte précoce de la couche superficielle. Dans ces conditions, il est également pertinent d’évaluer l’influence bénéfique ou délétère des médicaments sur le cartilage hyalins lors d’arthropathies expérimentales.

Au total, l’IRM se révèle donc un outil extrêmement prometteur pour l’évaluation non invasive des lésions du cartilage. Cette technique permet une exploration des différents compartiments de l’articulation, (cartilage, ligament, synoviale, os sous chondral), et autorise d’ores et déjà une approche fonctionnelle de certains tissus. Si les séquences d’acquisition les plus adaptées à l’exploration de l’articulation semblent progressivement se dessiner en clinique, les travaux fondamentaux restent cependant indispensables pour préciser l’informativité des données obtenues (signification de l’aspect pluri-laminaire, rôle d’éventuel artefacts) et pour proposer des approches originales quantitatives par cartographie notamment.