Aide au diagnostic et réalisation optimale d’actes chirurgicaux
Luc SOLER
IRCAD – VIRTUALS
1, place de l’hôpital, 67091 STRASBOURG Cedex
Tél : +33.(0)3.88.11.90.65.
Fax : +33.(0)3.88.11.90.99.

Mél : Luc.Soler@ircad.u-strasbg.fr
Web : http://www.ircad.org/

Si l’imagerie médicale offre aujourd’hui une vision précise de l’anatomie interne des patients, son interprétation reste cependant complexe. En effet, la représentation du patient sur un ensemble de coupes 2D (TDM ou IRM) rend difficile la reconstruction mentale de l’anatomie 3D réelle du patient. Le rendu volumique, proposé sur les dernières générations d’imageur, bien qu’améliorant cette interprétation, reste très nettement insuffisant tout en étant complexe à mettre en œuvre. Face à ces handicaps, les travaux développés au sein de l’équipe VIRTUAL-Surg proposent une reconstruction 3D automatique du patient à partir de l’imagerie médicale standard, mais également leur visualisation interactive depuis un simple ordinateur multimédia. Ils offrent ainsi une vision nouvelle de l’anatomie, qui n’est plus un schéma général accompagné d’exceptions, mais une définition au cas par cas, propre à chaque patient.

Ainsi, dans le cas du foie, les méthodes développées permettent de détecter et délimiter automatiquement à partir d’une image TDM, la peau, les côtes, les poumons, l’aorte, la région du cœur, les reins, la rate, le foie, les veines hépatiques et porte ainsi que les lésions du foie (figure 1). A cette information tirée de l’image, un second système ajoute une information fonctionnelle invisible et pourtant essentielle au chirurgien, la segmentation anatomique selon la définition de Couinaud, en 8 régions d’influence de la veine porte. Les validations médicales réalisées à ce jour montrent non seulement que le système détecte les lésions à partir de 3 mm d’épaisseur avec une précision inférieure au millimètre, mais également une amélioration significative des actes chirurgicaux grâce à l’apport de la reconstruction 3D du patient et de ses segments avant et pendant l’opération.

L’extension de ces outils à d’autres régions permettent maintenant de nouvelles applications. Dans le cas d’images TDM de la trachée, ils offrent la reconstruction de la peau, des os, des voies aériennes et des poumons (figure 2). Dans le cas d’images IRM du colon, ils offrent une reconstruction complète du colon permettant de repérer facilement les polypes (figure 3). Dans le cas d’images de Cholangio-IRM, c’est le réseau biliaire qui est alors reconstruit, les calculs pouvant là encore être facilement détectés (figure 3). Ces dernières applications font aujourd’hui l’objet de travaux supplémentaires dans l’objectif de réaliser une détection et une reconstruction automatique des polypes et des calculs.

Afin d’offrir le maximum d’intérêt médical, ces reconstructions doivent pouvoir être accessibles à partir d’outils simples de visualisation. C’est pourquoi nous avons ajouté à ces outils de reconstruction, une interface homme-machine simple et ergonomique fonctionnant sur un PC multimédia standard ainsi que sur les portables avec carte 3D. Le praticien peut ainsi, en préopératoire, planifier une intervention et même simuler une résection virtuelle, puis visualiser en peropératoire le patient virtuel copie conforme du vrai patient (figure 4). Nous avons également développé une interface spécifique pour le patient, qui permet, aux travers d’outils simples et didactiques, de comprendre rapidement et efficacement l’anatomie et les pathologies du patient. Cette interface a été largement plébiscitée par le grand public lors de sa présentation à la citée des Sciences et de l’Industrie en décembre 2000, montrant ainsi toute l’importance que représente l’accès à l’information pour le patient.

Ces nouvelles images 3D, interactives et accessibles au bloc opératoire, apporte dès aujourd’hui une aide per-opératoire considérable qui ne fera que grandir. En effet, par la reconstruction précise du patient, la réalité augmentée, qui permet de voir le patient ou ses organes en transparence virtuelle, fera très prochainement son apparition dans le bloc opératoire. En couplant cette réalité augmentée à un robot de télé-chirurgie, l’automatisation de certains gestes deviendra possible et représentera, sans doute, la grande révolution de la chirurgie du XXIème siècle. Mais en attendant cette révolution attendue, l’utilisation des reconstructions 3D doit se répandre et devenir routinière. L’IRCAD travaille donc activement à l’élaboration d’un laboratoire de traitement d’images médicales qui fournira une analyse des images sous la forme d’une reconstruction 3D des patients. Cette analyse, facturée à un faible coût, représente sans doute l’un des meilleurs moyens d’offrir à tout hôpital une reconstruction qui reste aujourd’hui souvent cantonnée aux services de recherches ou aux services de radiologie. Ce laboratoire MEDIC@ (Modélisation Et Analyse 3D-4D des Images médicales pour la Chirurgie Abdominale) sera sans doute le précurseur des laboratoires de traitement d’images en ligne de demain.